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Media 15 Mar 2017

Article in Radio Canada

« Le village de la démence », un modèle à suivre au Canada?

Un village néerlandais, conçu pour accueillir des patients atteints de démence, serait un modèle à suivre, selon des experts en maladies cognitives de l’Alberta. Une conférence organisée par l’Association albertaine de la gérontologie cherche à démédicaliser l’espace de vie de ces patients dans la province.

À première vue, le village d’Hogewey ressemble à un quartier normal. Il y a une épicerie, des jardins, des espaces de rassemblement communautaires et même un bureau de poste.

Cependant, l’endroit surnommé le « village de la démence » est un centre de soins de longue durée, réimaginée.

Ses résidents sont des patients atteints de maladies cognitives, comme l’Alzheimer. Ils y vivent dans des maisons par groupes de cinq ou six résidents.

L’approche vise surtout l’inclusion sociale et le bien-être. Ces deux principes sont souvent laissés de côté dans les centres de soins de longues durées plus traditionnels, croit l’un de ses créateurs, Eloy van Hal.

« Nous voulions créer un endroit qui serait confortable et reconnaissable » dit-il, en ajoutant que les gens souffrant de démence ont besoin de stabilité.

Le village a déjà fait ses preuves, selon lui. Moins de médecins sont nécessaires et les patients y sont plus heureux.

Réalité vs vérité

La professeure titulaire de la chaire de gérontologie à l’Université de Calgary, Lorraine Venturato, estime cependant que ce type de résidence peut parfois poser un problème éthique. Dans plusieurs cas, à un certain stade de la maladie, les patients ne se rendent pas compte qu’ils sont dans un centre de soins de longue durée.

« C’est un des plus gros problèmes que doivent vivre les personnes soignantes, explique-t-elle. C’est cette pensée qu’ils sont effectivement en train de mentir et de manipuler les gens. »

Cependant, elle considère que l’illusion de réalité dans laquelle le patient se croit est parfois plus douce que la réalité de sa situation.

Si les résidents croient qu’ils sont dans un beau village et qu’ils sont heureux, c’est mieux que de tenter de les convaincre tous les jours qu’ils souffrent de démence.
– Lorraine Venturato, chaire de gérontologie à l’Université de Calgary

Importer l’idée en Alberta

À la conférence sur l’innovation organisée par l’Association albertaine de la gérontologie, le concept est cité comme un exemple à suivre.

Une centaine d’experts en maladies cognitives de l’Alberta et d’ailleurs se sont rassemblés à Calgary pour parler d’innovation.

Sans nécessairement construire un village complet, les professionnels de la santé veulent, de plus en plus, démédicaliser l’environnement des patients, explique la présidente de l’association Vivien Lai.

« Les gens atteints de démence ont peur des environnements étrangers, dit-elle. Ils ne veulent pas vivre avec 30 ou 200 étrangers. »

C’est le principe que tente d’instaurer un projet pilote mis en place dans certains établissements de soins de longue durée en Alberta.

Ces centres ont été aménagés en résidences plus conviviales, où les murs sont de couleurs vives. Les employés ne portent pas d’uniformes et tentent d’établir des relations amicales avec leurs patients.

Près de 40 000 Albertains souffrent de démence.

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